49.3, tumulte à l'Assemblée, manifestations: récit d'une journée chaotique pour la réforme des retraites (2024)

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Deux mois après avoir présenté la réforme des retraites, Élisabeth Borne a engagé la responsabilité de son gouvernement pour faire adopter le texte. Une décision prise au dernier moment par Emmanuel Macron qui a considéré que "les risques financiers, économiques sont trop grands" pour tenter un vote du texte au Palais-Bourbon.

Des trois scénarios jusqu'alors retenus ce jeudi matin par l'exécutif, c'est le plus clivant qui a été choisi. La Première ministre Élisabeth Borne a engagé la responsabilité de son gouvernement sur la réforme des retraites. Une décision prise quelques minutes plus tôt seulement en conseil des ministres avant une prise de parole de la cheffe du gouvernement à l'Assemblée nationale. Retour sur cette journée marquante à plus d'un titre pour la vie politique et sociale française.

Plusieurs réunions à l'Élysée avant la décision finale

Emmanuel Macron a multiplié les réunions autour de lui à l'Élysée ces dernières heures. Après s'être entretenu ce mercredi soir avec Élisabeth Borne et les ministres du Travail Olivier Dussopt et des Relations avec le Parlement Franck Riester, il a échangé tôt ce jeudi matin avec les présidents de groupes parlementaires et présidents de parti de la majorité.

Au cours de cette réunion, le président a de nouveau constaté que le scrutin à l’Assemblée nationale risquait d’être très serré, d'après des informations recueillies BFMTV. Tous les participants ont alors conseillé d’aller au vote de la réforme, à l’exception de la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet. À ce moment, selon l'un de ses proches, Emmanuel Macron comptait toujours aller au vote.

"La question, c’était quel est le pire scénario entre un 49.3 et un texte rejeté? il vaut mieux une crise politique en cas de défaite qu’en cas de 49.3, car on peut reconstruire derrière un vote perdu", analyse alors un participant.

La réforme adoptée (sans surprise) au Sénat

Peu après, le Sénat a adopté sans surprise la réforme des retraites lors de la seconde lecture du projet de loi ce jeudi matin avec 193 voix pour et 114 contre et 38 abstentions. Reste que c'est bien du côté du Palais-Bourbon que les yeux étaient rivés, le gouvernement ne disposant pas d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale.

Nouvelle réunion à la mi-journée à l'Élysée autour d'Emmanuel Macron avec plusieurs figures du gouvernement comme Élisabeth Borne et Gérald Darmanin, là encore pour décider de la stratégie à suivre à l'Assemblée nationale. Mais à l'issue de celle-ci, la décision ou non de recourir à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter la réforme des retraites à l'Assemblée n'était toujours "pas tranchée", selon un participant à la réunion.

Cependant, de moins en moins de personnes présentes défendent le vote. En cause: l'incertitude liée au vote des députés LR. Ainsi, selon nos informations, Éric Ciotti a informé l'exécutif que selon son décompte, 30 seulement comptaient voter pour, et 25 contre.

L'hypothèse du 49.3 privilégiée... puis confirmée

Si la décision n'était alors pas encore prise, Matignon s'y est préparé. La Première ministre Élisabeth Borne a en effet indiqué assumer être un "fusible" en cas de recours au 49.3 lors de cette réunion. Si le texte était adopté avec le 49.3, le gouvernement s'expose effectivement à une motion de censure qui pourrait être adoptée, ce qui causerait sa chute. Initialement réticente à cette idée, Élisabeth Borne aurait néanmoins changé d'avis durant la matinée, selon nos informations.

Enfin une troisième et dernière réunion s'est tenue au palais présidentiel autour du chef de l'État, avec Élisabeth Borne, Olivier Dussopt et le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. C'est au cours de celle-ci que la décision est tombée: le recours au 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites à l'Assemblée aura bel et bien lieu. Un dispositif constitutionnel autorisé en conseil des ministres et déclenché par Élisabeth Borne.

"Mon intérêt politique aurait été d’aller au vote. Parmi vous tous, je ne suis pas celui qui risque sa place ou son siège. Mais je considère qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands", a déclaré le président.

Ambiance électrique à l'Assemblée nationale

Depuis la tribune de l'hémicycle de l'Assemblée nationale où elle a engagé la responsabilité de son gouvernement, la Première ministre a assuré que "nous nous sommes donnés les moyens de la discussion" sur la réforme des retraites.

Au même moment, les députés de la Nupes ont entonné la Marseillaise et hué Élisabeth Borne à l'ouverture de la séance à l'Assemblée, obligeant la cheffe du gouvernement à s'y reprendre à deux fois. Ils ont également brandi des pancartes "64 ans, c'est non", en référence au recul de l'âge légal de départ à la retraite prévu par la réforme. Une scène observée par Jean-Luc Mélenchon depuis la tribune du public où il a suivi le discours de la Première ministre.

Les oppositions annoncent des motions de censure

Le président des Républicains Éric Ciotti a qualifié d'"échec" ce recours à cet article de la Constitution. Un "échec personnel" a même estimé la présidente des députés RN Marine Le Pen, ciblant le président de la République et annonçant par la même occasion le dépôt d'une motion de censure.

Une décision également prise par La France insoumise qui dénonce "un tournant autoritaire de la macronie" alors que le groupe LIOT menace de déposer également une motion de censure "transpartisane" contre le gouvernement si celui-ci ne retire pas le texte.

Les syndicats ont également réagi à cette adoption sans vote de la réforme des retraites, sous réserve que le gouvernement ne tombe pas par le vote d'une motion de censure. Pour le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, ce "passage en force" avec le 49.3 "doit trouver une réponse à la hauteur de ce mépris du peuple. La mobilisation et les grèves doivent s’amplifier".

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a également annoncé de "nouvelles mobilisations" après le recours au 49.3: "le compromis politique a échoué".

Une manifestation surprise à Concorde

Peu après le recours au 49.3 par l'exécutif, de nombreux manifestants se sont rassemblés à l'appel du syndicat Solidaires place de la Concorde, non loin de l'Assemblée nationale à Paris. Selon la police, ils sont prêt de 6000 personnes à se masser sur place. Ils ont été rejoints par plusieurs personnalités de l'opposition, par des manifestants massés près de l'Assemblée nationale et par un cortège de plus de 1600 jeunes partis de la place de la Sorbonne selon nos confrères de l'AFP.

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Alors que la Première ministre est attendue au 20H de TF1 ce jeudi soir pour expliquer ce choix de l'exécutif, le président a assuré que son "intérêt politique aurait été d'aller au vote" mais qu'"en l'état, les risques financiers, économiques sont trop grands".

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Hugues Garnier et Agathe Lambret

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