Il n'y aura pas de vote sur la réforme des retraites à l'Assemblée nationale.Sous les huées et les Marseillaises entonnées par la gauche, Elisabeth Borne a annoncé engager la responsabilité de son gouvernement sur letexte ce jeudi après-midi à l'Assemblée nationale. En réponse, l'intersyndicale a appelé àune neuvième grande journée de grèves et de manifestation le jeudi 23 mars.Des manifestations ont eu lieu partout en France ce jeudi soir, avec des violences et dégradations dans quelques villes. 310 personnes ont été arrêtées en France, dont 258 à Paris, indique Gérald Darmanin ce vendredi sur RTL.
Manifestation place de la Concorde à Paris, 258 personnes arrêtées
Dès l'annonce gouvernementale, plusieurs milliers de manifestants ont spontanément rallié la place de la Concorde à l'appel du syndicat Solidaires, face à l'Assemblée nationale à Paris. Ils ont été rejoints peu après 16h30 par un cortège de plus de 1.600 jeunes partis de la place de la Sorbonne aux cris de "Eh Manu, Manu, 49.3 ou pas, ta réforme on n'en veut pas" ou encore "L'assemblée peut bien voter, la rue va le retirer", a constaté une journaliste de l'AFP.
Les députés Insoumis et Jean-Luc Mélenchon se sont également joints au rassemblement dans l'après-midi. Le mouvement social a "de bonnes chances d'avoir le dernier mot", a commenté l'ex-candidat LFI à la présidentielle, évoquant un"échec spectaculaire". "Nous sommes en face d'un texte pas adopté dans les formes d'une démocratie parlementaire", a insisté le chef insoumis, alors que la manifestation gagnait de l'ampleur.
Les manifestants évacués par les forces l'ordre
Vers 20h, les forces de l'ordre sont intervenues pour évacuer les manifestants, notamment avec des canons à eau, provoquant d'importants mouvements de foule. Selon la préfecture de police de la capitale (PP), une tentative de dégradation du chantier de l'Obélisque, au centre de la place, a déclenché l'intervention.Plusieurs charges et des jets de gaz lacrymogène ont éloigné les manifestants du pont qui mène à l'Assemblée nationale, et les ont repoussés de l'autre côté de la place.
Une bonne partie des manifestants avait quitté la place vers 20h30 pour se disperser dans les rues et quartiers environnants, selon les mêmes sources. Quelques centaines de personnes se trouvaient toujours sur la place où les sapeurs-pompiers sont intervenus pour éteindre plusieurs départs de feu sur le chantier de l’Obélisque, notamment sur des planches et une pelleteuse.
258 personnes ont été interpellées, ce jeudi soir dans le cadre de la manifestation parisienne, chiffre communiqué peu avant minuit. Des affrontements ont éclaté entre forces de l’ordre et manifestants.
Des rassemblements dans de nombreuses villes
Dès le milieu de l'après-midi, des manifestants se sont aussi rassemblés dans plusieurs villes de France. Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées en région, indique Gérald Darmanin sur RTL ce vendredi. comme àToulouse,où10.000 personnes ont défilé. Des cortèges se sont également formés àBordeaux,Grenoble, Strasbourg, Lyon, Lille, Amiens, Nancy, Metz,Marseille,Toulon,Nantes,Saint-Etienneou encore Dijon etRennes où les forces de l'ordre ont dispersé les manifestants avec des gaz lacrymogènes.Des dégradations ont eu lieu dans la ville.
Des incidents ont aussi éclaté dans d'autres villes comme à Marseille sur la Canebière, où des jeunes masqués ont fracassé la vitrine d'une agence bancaire et où plusieurs boutiques ont été saccagées. D'autres ont mis le feu à des poubelles aux cris de "à bas l'Etat, les flics et le patronat".
A Nantes, la manifestation a tourné à l'affrontement avec les forces de l'ordre. Des vitrines ont été brisées, des bâtiments tagués.
Des tensions ont également éclaté à Toulouse et Albi, où des ordures ont été jetées par dessus les grilles, déclenchant un début d'incendie.A Caen, des poubelles ont été incendiées.
La ville de Dijon indique qu’elle va porter plainte après les nombreuses dégradations qui ont touché L’Hôtel de Ville jeudi en fin d’après-midi. Les manifestants ont allumé un feu à l’aide de palettes et de poubelles. Plusieurs mannequins à l’effigie d’Emmanuel Macron, Elisabeth Borne, d’Olivier Dussopt et d’Olivier Véran ont été brûlés. La police a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants.
A Die, dans la Drôme, la porte d'entrée de la sous-préfecture de la ville a été volontairement incendiée, sans faire de blessés.La préfète de la Drôme a condamné la "dégradation volontaire d'un bâtiment symbole".
Gérald Darmanin demande à renforcer la sécurité des élus
En marge de ces manifestations, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a appellé les préfets à renforcer les mesures de vigilance et la protection des élus. Dans un courrier envoyé aux préfets partout en France, que franceinfo a pu consulter, le ministre de l'Intérieur affirme que "les parlementaires font parfois l'objet de menaces, d'outrages, d'insultes ou encore d'actes de malveillance tels que des dégradations de biens", dans le cadre la mobilisation contre le projet de réforme des retraites.
Il demande aux préfets "de maintenir fermement le dispositif mis en œuvre", dans l'objectif de "prévenir toute atteinte envers les élus" et de "réagir promptement en cas d'incident". Le ministre s'est justifié sur RTL.